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13 jours en mer pour un nouveau monde : la révolution transatlantique avec Sailcoop

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Voyager sans voler : Sailcoop prouve que l’avenir est sur l’eau

Crédit image : Sailcoop.

Le transport maritime bas-carbone de plaisance franchit une nouvelle étape avec Sailcoop. Après avoir démocratisé les traversées à la voile en Méditerranée et en Bretagne, la coopérative s’attaque à un défi ambitieux : proposer une liaison transatlantique en cargo voilier entre la France et les États-Unis en 13 jours.

Maxime de Rostolan, fondateur de Sailcoop, n’a pas pris l’avion depuis douze ans. Pourtant, ce passionné de voyage et d’écologie ne souhaitait pas pour autant renoncer à parcourir le monde. En observant les milliers de voiliers dormant dans les ports et ne naviguant que quelques jours par an, il se demande pourquoi ne pas les optimiser pour faire voyager les gens avec un transport maritime décarboné ?

L’idée, d’abord lancée comme un projet parmi d’autres, rencontre un succès immédiat sur les réseaux sociaux. “J’ai vu que ça résonnait auprès des gens. Beaucoup m’ont dit : ‘C’est génial, il faut le faire !’”, raconte-t-il. Rapidement, une équipe de dix personnes se constitue et, en novembre 2021, la coopérative prend vie. Un choix de structure fondamental pour son fondateur : “Je n’entreprends pas pour l’argent, mais pour l’intérêt général. La dimension coopérative permet de donner corps à des projets qui n’ont pas une rentabilité extrême, mais qui, en associant les citoyens, les territoires et les parties prenantes, peuvent avoir un réel impact.”

Un modèle coopératif et une première traversée sous contraintes

Dès sa première saison en 2022, Sailcoop teste une liaison entre Toulon et la Corse. Mais les affaires maritimes viennent compliquer le projet, arguant que l’entreprise n’a pas le droit d’opérer de lignes régulières avec des navires de plaisance. “On a dû entamer un bras de fer juridique, déposer un référé suspensif pour entrave à la liberté d’entreprendre”, explique le fondateur. Une bataille gagnée, qui a permis à Sailcoop de continuer à opérer.

Les débuts sont cependant modestes : une vingtaine de traversées et une centaine de passagers en 2022. Mais dès 2023, le concept prend de l’ampleur avec un deuxième bateau et 1 000 passagers transportés. En 2024, Sailcoop franchit un cap avec 1 400 passagers.

Croissance et diversification : de la Corse à la Bretagne

Sailcoop développe alors de nouvelles lignes courte distance et adapte son offre : en 2024, la coopérative lance une liaison entre Concarneau et Les Glénan avec un bateau de 80 passagers, conçu spécialement avec le chantier naval de l’Arsenal à La Rochelle pour répondre aux exigences du transport collectif. “C’est un bateau ultra-vélique, il atteint très vite une autonomie complète sous voile”, détaille le fondateur.

Ce bateau, cette fois-ci propriété de la coopérative, a nécessité un investissement de 600 000 euros apportés par les sociétaires, complétés par 500 000 euros d’un investisseur privé et un emprunt bancaire. En seulement deux mois, 9 000 passagers ont été transportés, validant ainsi la pertinence du modèle.

Pour atteindre l’équilibre économique, Sailcoop vise 15 000 passagers par saison. “L’engouement est là, et nous savons que nous pouvons atteindre cet objectif”, explique le fondateur. Fort de ce succès, la coopérative a décidé d’investir dans un second navire, qui sera livré en février 2026 et affecté à une nouvelle ligne en Bretagne.

Afin de ne pas alourdir les comptes de la coopérative, ce second bateau appartient à une société distincte, financée par des investisseurs et loué à Sailcoop. Ce montage financier permet d’assurer le développement du projet tout en consolidant la pérennité économique de l’entreprise. “Il faut au minimum deux ou trois lignes rentables pour couvrir nos charges fixes”, précise Maxime de Rostolan. “Avec ce second navire, nous structurons notre modèle et nous nous préparons à une montée en puissance.”

Une transatlantique entre Saint-Nazaire et Baltimore

Sailcoop se prépare désormais aux traversées transatlantiques. Pour cela, elle s’associe avec Neoline, un opérateur spécialisé dans le transport maritime à la voile. En août 2025, le premier voyage commercial aura lieu entre Saint-Nazaire et Baltimore, avec une escale à Saint-Pierre-et-Miquelon. “Le bateau, un cargo voilier de 136 mètres de long, pourra embarquer six cabines doubles de 27m2, avec un confort inédit pour une traversée de treize jours”, précise Maxime.

La demande est déjà forte : une heure après l’ouverture des réservations, 28 billets avaient été vendus, malgré un tarif autour de 3 000 euros par personne. 1 700 personnes sont actuellement sur liste d’attente, preuve que le transport bas-carbone est capable de séduire des voyageurs habitués à des trajets plus courts.

Le transport bas-carbone peut-il être rentable ?

Si l’aventure Sailcoop impressionne par sa vision, son équilibre économique reste fragile, notamment en raison des charges liées aux équipages et à l’entretien des bateaux. “Avec un skipper pour huit passagers, on est à la limite de la rentabilité, confie Maxime. C’est pourquoi l’arrivée de navires plus grands est cruciale pour pérenniser le modèle.”

Par ailleurs, “il faut évangéliser le marché, expliquer que c’est une véritable alternative, non seulement pour l’empreinte carbone – jusqu’à 90 % de CO₂ en moins par rapport aux ferries –, mais aussi pour l’expérience unique qu’il offre”, insiste le fondateur. “C’est une autre manière de voyager, qui redonne du sens au déplacement. On prend le temps, on vit au rythme de la mer.”

Un pari osé, mais qui, au vu des premiers résultats, pourrait bien tracer la route vers une révolution du transport à la voile !

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Sommaire

  • Un modèle coopératif et une première traversée sous contraintes
  • Croissance et diversification : de la Corse à la Bretagne
  • Une transatlantique entre Saint-Nazaire et Baltimore
  • Le transport bas-carbone peut-il être rentable ?