La startup française Arlequin AI, fondée en 2024, vient d’annoncer une levée de fonds en amorçage de 4,4 millions d’euros. Objectif : accélérer le développement de sa solution d’intelligence artificielle stratégique, en rupture totale avec les modèles génératifs actuels. L’entreprise se positionne comme une alternative souveraine et éthique aux IA opaques dominées par les géants américains.
Une IA non générative pensée pour les données sensibles
Ce qui distingue Arlequin AI, c’est avant tout une philosophie de rupture. Contrairement aux grands modèles de langage comme GPT, l’entreprise mise sur une IA non générative, sans prompts ni boîtes noires. Sa plateforme, baptisée HuDEx (Human Data Explorer), repose sur des algorithmes non supervisés capables de structurer et d’interpréter des masses de données hétérogènes (textes, sons, images) sans passer par l’entraînement massif ou la prédiction probabiliste.
Cette approche offre deux avantages majeurs : la transparence des traitements (auditabilité totale) et l’indépendance technologique. Le code est open-source, l’infrastructure est modulaire et la solution peut être déployée en local, sur CPU ou GPU, sans nécessiter le recours à des clouds américains ou chinois. De quoi séduire des clients sensibles comme Radio France, le gouvernement français (notamment sur le Grand Débat National), BNP Paribas ou encore des agences de lutte contre la désinformation.
L’équipe, actuellement composée de 20 collaborateurs, va doubler ses effectifs grâce à cette levée. L’objectif est clair : renforcer la capacité de traitement de la plateforme, consolider les protocoles de sécurité liés aux données critiques et multiplier les cas d’usage dans des secteurs stratégiques.
Un tour de table européen pour une ambition globale
Cette levée de 4,4 millions d’euros, en amorçage, s’est construite autour de plusieurs fonds et business angels de renom. Les investisseurs allemands Vsquared Ventures et 10x Founders ont mené le tour, aux côtés de Kima Ventures (le bras d’investissement de Xavier Niel) et du fonds Better Angle, spécialisé dans les projets à impact. À cela s’ajoute une dizaine de business angels aux profils complémentaires, dont David Meneret (finance), Julien Codorniou (ex-Facebook), Julien Lesaicherre (AI chez Hugging Face) et Éric Le Maire (ex-Bercy).
La répartition de l’actionnariat a été pensée pour garantir à l’équipe fondatrice une gouvernance forte, tout en bénéficiant d’un soutien stratégique. Selon CFNews, l’opération a été structurée de façon à "déguiser" l’actionnariat, c’est-à-dire à diluer les parts de manière équilibrée, sans faire entrer un acteur dominant à ce stade. Un choix cohérent avec la volonté d’Arlequin de préserver son indépendance.
Grâce à cette opération, la startup vise également une expansion internationale. Trois pays sont déjà ciblés pour y implanter des pôles de déploiement local. Dans un contexte où la désinformation est classée par le World Economic Forum comme l’un des principaux risques mondiaux à court terme, Arlequin AI ambitionne de devenir un rempart européen face à cette menace.
Avec HuDEx, la France tient peut-être enfin son champion de l’IA stratégique souveraine. Reste à voir si la jeune pousse tiendra le cap face aux géants de la tech.
