L’Union européenne pourrait bientôt signer l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Tandis que les agriculteurs européens sont en colère, plusieurs groupes de grande distribution ont annoncé que les produits en provenance des pays d’Amérique du Sud, notamment la viande, ne seront pas vendus en rayon.
Les agriculteurs européens en colère
Le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur (qui regroupe le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay) vise à créer une vaste zone de commerce pour stimuler les échanges économiques entre ces deux blocs géographiques. Cet accord, négocié depuis 1999, a été finalisé en 2019. Cependant, sa ratification reste bloquée en raison de préoccupations environnementales et sociales. De nombreux agriculteurs européens, en particulier, estiment que ce traité pourrait dévaster leur secteur et entraîner une concurrence déloyale. Tandis que des manifestations sont actuellement organisées dans plusieurs pays comme la France, plusieurs enseignes de grande distribution ont pris position.
Carrefour refuse la viande en provenance du Mercosur
Dans un courrier adressé mercredi 20 novembre au syndicat agricole FNSEA, Carrefour s’est engagé à “ne commercialiser aucune viande en provenance du Mercosur” si ce traité devait être adopté par l’Union européenne malgré l’opposition de la France. “Partout en France, nous entendons le désarroi et la colère des agriculteurs face au projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur et au risque de débordement sur le marché français d’une production de viande ne respectant pas ses exigences et ses normes”, a écrit Alexandre Bompard, PDG du groupe. “Nous espérons inspirer les autres acteurs de la filière agroalimentaire et donner une impulsion à un mouvement plus large de solidarité”, a ajouté celui dont l’enseigne a racheté les magasins Match et Cora. D’autres acteurs de la distribution lui ont emboîté le pas, comme le groupe Les Mousquetaires et Leclerc.
Intermarché et Leclerc s’opposent également au traité
Au lendemain de l’annonce d’Alexandre Bompard, Thierry Cotillard, le patron d’Intermarché, a aussi fait savoir que son enseigne allait refuser de vendre de la viande d’Amérique du Sud pour soutenir les agriculteurs européens. Puis, dans plusieurs médias, Michel-Edouard Leclerc a dénoncé “l’ineptie” que représenterait la signature de l’accord Mercosur. “Il ne faut pas le signer parce que dedans, on fait le contraire de la COP 21 : on laisse venir des produits qui ne respectent pas nos normes”, a-t-il martelé au micro de France Inter, avant d’ajouter que l’Europe n’était “pas outillée” pour faire respecter ses normes sur les produits qui entrent sur le territoire.
En prenant de telles positions, les acteurs français de la grande distribution s’assurent de ne pas être les cibles de la colère des agriculteurs européens. Cependant, leurs propos ont déclenché une vague d’indignation en Amérique du Sud. Ainsi, au Brésil, un appel au boycott des magasins Carrefour a été lancé. En réponse, Carrefour a présenté ses “excuses” et évoqué des problèmes de “communication”.