Fondée en 2018 à Paris, Neoplants s’est donné pour mission d’améliorer la qualité de l'air intérieur à l'aide de plantes biotechnologiques. Leur premier produit, la Neo Px, est à elle seule capable d'éliminer autant de polluants que 30 plantes d'intérieur classiques. Coup de cœur pour cette startup qui a su faire de la nature son alliée contre la pollution.
Dès ses débuts, l'entreprise a adopté une approche innovante en utilisant la biologie synthétique pour transformer des plantes d'intérieur ordinaires en véritables purificateurs d'air. Il aura fallu quatre ans de R&D aux deux fondateurs, Lionel Mora et Patrick Torbey avant de présenter leur premier produit, en novembre 2022. Convaincue de son impact, Neoplants donne le ton sur son site : “Nous développons un nouveau type de produits parce que nous défendons un avenir meilleur. Nous pensons que construire des machines pour résoudre nos problèmes est une chose du passé. Au lieu de cela, nous voulons fabriquer des produits qui ont une véritable durabilité à leur cœur, car nous pensons que nous pouvons faire mieux que simplement “avoir un impact moins négatif”.
Une “superplante” à but précis
La Neo Px est bien plus qu'une simple plante d'intérieur. Issue d'années de recherche et de développement, elle a été conçue pour cibler spécifiquement les composés organiques volatils (COV) tels que le méthanal, le benzène, le toluène et le xylène, qui sont présents dans de nombreux environnements intérieurs. "Nous les appelons des plantes à but précis", déclarait Lionel Mora, PDG de Neoplants, dans une interview accordée à Forbes l’été dernier. Mieux qu’une plante seulement dépolluante, la Neo Px convertit les COV en matière végétale au lieu de les stocker.
Leur choix s’est porté sur le pothos, également appelé lierre du diable, une plante d’intérieur robuste et capable de s’adapter à divers environnements. Grâce à ses grandes feuilles cireuses et sa croissance rapide, cette plante est particulièrement efficace pour absorber les polluants, des atouts majeurs pour en faire un produit commercial viable.
Le processus de création a été complexe, avec le défi technique de concevoir une plante qui, tout en étant esthétiquement agréable, possède également des propriétés de purification de l'air inédites. Cette innovation est le résultat d'une modification génétique précise, qui a non seulement optimisé le métabolisme de la plante, mais aussi enrichi son microbiome, rendant ainsi la Neo Px particulièrement efficace dans son rôle de purificateur d'air.
Plus de 20 millions d’euros levés depuis son lancement
Depuis sa fondation, Neoplants a levé près de 20 millions d'euros en capital-risque, soutenue par des acteurs majeurs tels que True Ventures et Collaborative Fund. L'entreprise a également attiré l'attention de figures influentes dans le domaine de la biotechnologie, comme Dan Widmaier, qui a qualifié le projet de Neoplants de "visionnaire et simple, qui répond à une attente". La dernière levée de fonds de 13 millions d'euros en 2021 a permis à la startup d'investir dans un laboratoire de pointe de 1 200 m² à Paris destiné à accélérer le développement de nouvelles plantes biotechnologiques.
Car, après quatre ans de recherche et développement, Neoplants voulait aller vite. Lionel Mora, sur le site de Maddyness, expliquait en 2023 cette accélération : “Nous sommes une entreprise deeptech, il y a un risque technologique important aux yeux de nos investisseurs. Notre capacité à concrétiser rapidement nos projets est donc un gage de confiance pour eux”.
Des perspectives à grande échelle pour Neoplants
Neoplants est en pleine expansion et doit bientôt commencer à livrer ses premières plantes en France, alors que la commercialisation a déjà débuté sur le marché américain. Pourquoi cibler les Etats-Unis en premier lieu ? Tout simplement en raison d’une réglementation plus souple en matière de biotechnologie. Malgré l'appui offert par des initiatives comme le programme French Tech Green20, l'entreprise a jugé plus pertinent de se lancer d’abord aux États-Unis, où le cadre réglementaire est plus favorable à l'innovation.
L'avenir de Neoplants ne se limite pas à la Neo Px. L'entreprise travaille déjà sur une deuxième plante, avec pour objectif de sortir un nouveau produit tous les 12 à 18 mois. À plus long terme, Neoplants envisage de s'attaquer à des enjeux environnementaux plus vastes, notamment en développant des plantes capables de capturer le carbone pour lutter contre le changement climatique. "La technologie en matière de plantes n’en est qu’à ses balbutiements", explique Patrick Torbey, cofondateur, laissant entrevoir des possibilités encore inexplorées dans ce domaine.
Le marché de la qualité de l'air
La prise de conscience accrue de la qualité de l'air intérieur, notamment exacerbée par la pandémie de Covid-19, place Neoplants dans un marché en pleine expansion. Les composés organiques volatils ciblés par la Neo Px sont un problème de longue date dans les espaces clos, où ils sont présents à des niveaux deux à cinq fois plus élevés qu'à l'extérieur.
Alors que les projecteurs se sont braqués sur la filtration de l’air ces dernières années, les composés organiques volatils (COV) ciblés par Neoplants – méthanal (formaldéhyde), benzène, toluène et xylène – constituent depuis longtemps un énorme problème à l’intérieur des habitations. Le méthanal, utilisé dans le bois manufacturé et dans de nombreux produits ménagers courants, peut provoquer des brûlures aux yeux, de la toux, des maux de tête et des irritations cutanées, même à de faibles niveaux. L’Agence américaine de protection de l’environnement a constaté que les niveaux de COV à l’intérieur, où les Américains passent la majeure partie de leur temps, sont généralement deux à cinq fois plus élevés qu’à l’extérieur.
