Grâce à son outil d’intelligence artificielle, IDA optimise la gestion des produits frais et ultra-frais dans la grande distribution. La startup promet jusqu’à -30 % de gaspillage et + 5 % de vente et compte déjà plusieurs enseignes partenaires comme Carrefour, Intermarché, Monoprix, et plus récemment, les Magasins U.
Fondée en février 2023 par Matteo Beacco, Alex Chataigner et Mathieu Grosso, IDA s’attaque à l’un des problèmes critiques de la grande distribution : l’optimisation de l’approvisionnement des produits frais et ultra-frais pour éviter à la fois le surstockage et les ruptures ? “Dans certaines enseignes, 70 % des stocks sont faux dès le lendemain d’un inventaire”, constate Matteo Beacco, PDG et cofondateur d’IDA.
Ce problème systémique est causé par des données erronées sur les entrées et sorties des produits. Livraison incomplète, pesées approximatives en caisse : les écarts s’accumulent, et rendent toute idée de gestion chaotique. Résultat : jusqu’à 15 % du chiffre d'affaires en fruits et légumes est jeté. IDA propose donc une solution basée sur l’intelligence artificielle pour stabiliser les stocks et anticiper les besoins. “Notre objectif est simple : transformer les pertes en opportunités tout en rendant les rayons plus performants et attractifs”, explique Matteo.
Quand l'IA prédit les besoins
IDA est née d’une expérience familiale : “Mathieu, qui pilote la partie technique, a grandi dans une famille de poissonniers. Il a vu de près les pertes qu’engendre une gestion à l’ancienne. Aujourd’hui, grâce à ses recherches en séries temporelles et algorithmes à l’École des Mines, nous avons conçu une solution capable d'anticiper les besoins avec une précision inédite.”
L’outil d’intelligence artificielle développé par IDA élimine les tâches manuelles fastidieuses, en réduisant l’inventaire à une simple vérification visuelle rapide de 3 ou 4 références clés. L’estimation des besoins est ensuite calculée automatiquement, en intégrant plus de 300 paramètres tels que :
- La météo et la saisonnalité, pour ajuster les stocks en fonction des tendances de consommation.
- La durée de vie du produit, afin d’éviter le surstockage des denrées les plus fragiles.
- Les fluctuations de prix, qui influencent la demande et les décisions d’achat des consommateurs.
- La taille du rayon et les contraintes logistiques, pour assurer un renouvellement fluide des stocks.
- Les événements locaux, qui peuvent provoquer des pics de consommation ponctuels.
“Les chefs de rayon fruits et légumes utilisent généralement un cadencier pour leurs commandes et peuvent saisir jusqu’à 400 lignes par jour, soit l’équivalent de 500 à 700 heures par an”, explique Matteo. Ces outils, conçus pour les produits secs, ne sont pas adaptés aux produits ultra-frais, dont la gestion requiert une réactivité bien plus grande.
Avec IDA, les commandes sont automatiquement suggérées en fonction des données récoltées, permettant de réduire jusqu’à 47 % les pertes et d’optimiser les marges. “Même dans les cas les plus complexes, nous atteignons une réduction des pertes de 20 % minimum”, insiste Matteo.
Un outil au service des équipes
Mais l’enjeu ne se limite pas à la réduction des pertes. IDA cherche également à améliorer les conditions de travail des équipes en magasin. “Aujourd’hui, beaucoup de commandes se font encore au papier et au stylo, ou avec des outils obsolètes”, déplore Matteo Beacco.
Avec IDA, les employés disposent d’une interface intuitive sur tablette qui facilite leurs tâches quotidiennes. “Un boucher ou un maraîcher doit pouvoir se concentrer sur son métier, pas perdre son temps avec des calculs interminables”, explique-t-il. Ce gain de temps permet non seulement de mieux gérer les stocks, mais aussi de valoriser les rayons. “Quand les équipes sont moins sous pression, elles ont plus de temps pour embellir le rayon. Cela renforce l’attractivité du magasin, tout en augmentant la satisfaction des clients.”
Et les retours sont éloquents : “une employée avec 36 ans d’expérience m’a confié que notre outil avait changé sa vie. Avant, elle passait des heures à passer commande ; aujourd’hui, elle gagne du temps et de la sérénité.”
Un partenariat stratégique avec le réseau U
La solution IDA a déjà séduit de nombreuses enseignes, dont Carrefour, Intermarché et Monoprix. Mais le partenariat avec les magasins U marque une étape clé. “U est un modèle de proximité et d'innovation. Les indépendants qui gèrent les magasins sont très proches de leurs équipes et clients. C’est un terreau idéal pour déployer notre solution. »
Après une phase pilote dans plusieurs régions, IDA est en cours de déploiement national dans le réseau U. Une collaboration fondée sur des valeurs communes, notamment en matière de développement durable. “La devise de notre boîte, c’est que le meilleur déchet, c’est celui qui n’existe pas. En réduisant les surcommandes et les pertes, nous aidons les enseignes à atteindre leurs objectifs environnementaux tout en améliorant leur rentabilité.”
Vers une chaîne d’approvisionnement plus transparente
Si IDA a d’abord conquis le rayon fruits et légumes, la startup a pour ambition d’étendre sa solution à l’ensemble des produits ultra-frais, boucherie, marée et fromagerie. “Aujourd’hui, le frais est l’un des secteurs les moins digitalisés. Les producteurs n’ont souvent aucune visibilité sur la demande réelle, et les acheteurs peinent à optimiser leurs commandes”, reprend Matteo.
IDA souhaite ainsi réconcilier les producteurs, distributeurs et centrales d’achat en offrant une transparence accrue et en permettant à tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement de mieux ajuster leurs stocks.
“À terme, notre vision, c’est une chaîne où tout le monde, du producteur au distributeur, commande ce qu’il sait pouvoir vendre. Et ça commence par mieux comprendre la demande en magasin.” Un modèle qui pourrait bien s’imposer comme la nouvelle norme du secteur.